Vous l’attendiez, la voici

Tragédie au laboratoire : Chapitre 1

On aperçut au loin, dans la nuit, une belle silhouette. La jeune femme marchait, seule dans une rue de la ville de Roubaix. Elle avançait d’un pas décidé, sa chevelure ondulée et rousse tombait sur ses épaules, ses beaux yeux d’un vert émeraude brillaient de mille feux. Le froid vif lui mettait les larmes aux yeux ou alors c’était la date du jour, le 22 novembre 1856, qui lui rappelait la mort de sa mère. Le 22 novembre 1826 sa mère avait été retrouvée morte chez elle et les enquêteurs avait conclu à un suicide. Anna Scott n’y avait jamais cru, sa mère était toujours gaie et allègre, elle avait toujours la joie de vivre et jamais elle n’aurait mis fin à ses jours. Anna pensait que les enquêteurs étaient incompétents et elle s’était juré de faire éclater la vérité et de montrer aux hommes qu’elle était plus clairvoyante qu’eux. Elle était, en effet, très sagace et intuitive et elle avait décidé de devenir enquêtrice. Anna avait une humeur assez changeante en fonction de la situation. Elle tenait sa joie de vivre de sa mère mais quand les choses n’allaient pas comme elle le souhaitait elle pouvait se montrer assez grognonne. Derrière ses apparences douce et sympathique, elle pouvait se montrer agressive et même en venir aux mains sur le mannequin dans sa chambre qui lui rappelait l’enquêteur de l’affaire de sa mère. Elle était aussi parfois très maladroite, faisant souvent tomber les objets qu’elle prenait en main. Anna continua de marcher jusqu’à chez elle, et, comme à son habitude, elle passa devant une imposante filature. Mais, ce soir-là, elle entendit comme une sorte de bagarre à l’intérieur. Anna n’y prêta pas attention. Une fois rentrée chez elle, elle repensa à ce qui s’était passé, mais elle se dit que ce n’était probablement rien de grave. Elle se coucha assez tôt car sa journée avait été très chargée.

Elle se leva de bon matin, comme à l’accoutumée, bien qu’elle ne pût pas beaucoup se reposer, car elle ne pouvait pas s’arrêter de penser à sa mère et à l’anniversaire de sa mort. Mais elle voulait profiter de cette journée, cela faisait des semaines qu’elle n’avait pas eu de temps pour elle, à cause de son travail. De plus, la jeune femme adorait l’automne, alors cette journée était presque parfaite. Quand elle fut sur le point d’enfiler son écharpe, elle entendit quelqu’un frapper à sa porte d’entrée. N’ayant aucune idée de qui ceci pouvait bien être, elle alla ouvrir la porte et vit un grand jeune homme essoufflé qui avait l’air extrêmement affolé.